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CHAPITRE V

 

LE MOUVEMENT OURIER

 

No hagas caso de lamentos ni de falsas emociones ; las mejores devociones son los grandes pensamientos.

Y, puesto que, por momentos, el mal que le hirió se agrava, resurge, indomita y brava, y antes que hundirte cobarde,  estalla en pedazos y arde.

! Primero muerta que esclava !

(Federico Garcia Lorca)

 

Le prolétariat espagnol. - La moitié des ouvriers espagnols travaille la terre ; une partie du prolétariat industriel, surtout en Catalogne, est originaire de la campagne ; dans les régions montagneuses, les mineurs ont toujours des relations intimes avec la terre, soit par le fait qu'ils habitent le village et possèdent une petite parcelle, soit par les liens de famille ce qui, en Espagne, est un facteur sociologique de premier ordre. Beaucoup de traits caractéristiques du mouvement ouvrier s'expliquent par ce fait : le manque d'une doctrine révolutionnaire, la spontanéité, voire l'explosivité de ses actes, le caractère sporadique de l'action, l'apolitisme, l'indifférence à l'égard du pouvoir national, mais aussi le dévouement au mouvement, le goût de la lutte, le sens profond de justice, l'amour de la liberté, le courage et la disposition au sacrifice, une conscience profondément démocratique et surtout la résistance contre l'esprit capitaliste.

Le prolétariat agricole habite les agglomérations des pueblos et travaille en « compagnies » sous la direction de labradores. Les ouvriers agricoles sont donc faciles à organiser. La misère les unit aux paysans si bien que les syndicats agricoles anarchistes englobent les paysans également.

L'uniformité de l'oppression économique et politique, dont souffre le prolétariat agricole et citadin l'amène à considérer ses luttes contre l'exploitation et contre l'oppression politique comme une et indivisible ; de là ses idées révolutionnaires.

L'ouvrier individuel ne pouvant s'élever sur ses camarades, la solidarité constitue un des traits caractéristiques du mouvement espagnol et une de ses grandes vertus.

La concentration monopoliste du capitalisme espagnol a causé une concentration équivalente de ses ennemis mortels. Les centres miniers, les faubourgs de Madrid, le, bassin basque, la Catalogne, les faubourgs de Séville et les grands ports hébergent la presque totalité des ouvriers industriels ; ces masses pèsent plus fort sur les leviers de la politique espagnole que sur les points moins importants. D'une façon schématique on peut représenter la répartition du prolétariat industriel à peu près comme suit : 10% dans les mines, 10 % dans les transports, 10 % dans l'alimentation (fabriques de conserves dans le Levant, caves et traitement du vin, etc.), 25 % dans l'industrie textile et le vêtement (surtout en Catalogne), 25 % dans le bâtiment (surtout à Madrid et dans les entreprises publiques), le reste dans les autres industries.

La proportion des manceuvres est relativement élevée; la construction mécanique qui représente l'industie par excellence dans les pays avancés, est peu développée, les hauts-fourneaux et fonderies sont rares, l'industrie de l'auto consiste plutôt dans la composition de pièces détachées importées. Mais l'ouvrier espagnol a vite appris la fabrication des armes nécessaires au gouvernement. Seulement, faute d'un enseignement technique des ouvriers, les ingénieurs et contremaîtres n'ont pu être remplacés par des ouvriers.

Les différences régionales sont considérables. Sans aucun doute, l'élément le plus réfléchi du prolétariat espagnol vit dans les Astureis, l'élément le plus enthousiaste et le plus prêt à l'action se trouve en Catalogne et en Andalousie.

La vie collective du prolétariat. - Nous avons signalé l'importance des souvenirs collectivistes dans les campagnes ; on en trouve les traces dans la littérature espagnole. Soit dans la défense, soit dans l'offensive, soit dans la construction, la solidarité a toujours été l'épine dorsale de toute lutte ouvrière. Dans le sabotage de l'autorité ou dans l'administration des services d'eaux, la collaboration des paysans du village ne connaît pas de discriminations. Dans l'industrie, la grève de solidarité se fait facilement. A l'occasion des occupations de terres, l'organisation du travail collectif a toujours été le premier souci des ouvriers. L'idéal classique du collectivisme agraire s'est joint au collectivisme industriel.

D'autre part, ce solidarisme s'arrête souvent à la démarcation communale. La vie des organisations est constituée plus ou moins de fratries, ainsi qu'en général le terme de frères (hermanos) se trouve partout dans la vie collective de ce peuple. L'organisation ouvrière, comme la police des corporations au Moyen Age, débuta sous forme de Hermandad. Les noyaux sont donc le syndicat et la coopérative. Sa vie gravite autour des « maisons du peuple », sièges des syndicats. Tandis que les partis politiques n'ont que des relations plus ou moins indirectes avec la classe ouvrière, les « maisons du peuple » et les bourses de travail sont de véritables forteresses ouvrîères. Leur fermeture par la police était toujours le signe d'alarme. Les régions plus avancées ont des aténéos - universités ouvrières - des harmonies ouvrières et tout ce qui est familier à la vie des travailleurs occidentaux.

L'action - nous en parlerons davantage - est le moyen général d'affirmer la solidarité. Ce n'est pas seulement leur situation de misérables qui fait déclencher la grève à des ouvriers qui n'ont rien à perdre ; l'esprit collectif fait entrer en lice d'autres ouvriers dès que l'une des catégories est attaquée ou prend l'offensive; dans beaucoup de cas, il n'est même pas besoin d'une résolution acceptée par tous les travailleurs intéressés, il suffit que le syndicat annonce sa volonté d'entrer en grève, pour que la majorité des ouvriers suive le mot d'ordre; même un syndicat minoritaire est rarement abandonné par les « companeros » s'il se trouve en lutte. Au cours des dernières années seulement, des raisons purement politiques ont provoqué des abstentions et des divisions. Il est à noter que les syndicats n'ont pas de fonds de chômage et ne paient guère des indemnités aux grévistes.

Les organisations ouvrières. - Le pourcentage des ouvriers syndiqués est des plus élevés : sur 6 millions d'ouvriers, plus de 2 millions adhéraient aux syndicats au temps de la République. Même sous la dictature, on évaluait le pourcentage des ouvriers syndiqués à 10%. En 1934, au comble de la répression, la Sûreté estimait le nombre des cotisants dans les organisations ouvrières à 3 millions, contre un demi-million dans toutes les organisations de droite.

Chacune des grandes centrales syndicales comptait 1 million d'adhérents. Tandis que l’UGT (socialiste) se développe d'une façon continue, la CNT (anarcho-syndicaliste) subit de grandes fluctuations, si bien qu'elle groupe parfois plus d'ouvriers que l'organisation rivale, parfois moins. En dépit de son importance numérique, le mouvement espagnol possède un faible effectif d'employés d'organisations. Chez les anarchistes, les leaders rentrent toujours dans les rangs; l'on a vu Durruti, au temps où il exerçait les fonctions de général, faire la queue, écuelle en main, pour recevoir sa soupe ; bien qu'on puisse considérer comme exagérée une telle précaution contre la suprématie des chefs, ces attitudes n'en déterminent pas moins le caractère de ce mouvement.

L'UGT exerce son influence prépondérante, surtout dans la capitale : l'industrie la plus importante y est le bâtiment, où le syndicat réformiste domine (ces maçons ont continué les travaux à la Cité universitaire en octobre, lorsque l'ennemi était déjà presque aux portes de la ville). En outre, les syndicats réformistes ont organisé les travailleurs agricoles dans les provinces de Badajoz et de Caceres, les greniers d'Espagne, et à Tolède, tandis que l'influence anarcho-syndicaliste prévaut parmi les ruraux misérables de l'Andalousie; Murcie est anarchiste, Jaen est socialiste. La Catalogne, ébranlée par les agitations révolutionnaires, a un prolétariat anarchiste (en 1868 déjà, Bakounine comptait 30 000 adhérents à Barcelone ; mais pour une certaine catégorie de marxistes, l'anarchisme n'est que l'affaire des immigrés murciens). Au pays basque, au contraire, où les conditions sont plus proches des pays industriels, les socialistes dominent a côté des catholiques. Parmi les'mineurs, dans les Asturies aussi bien qu'à Huelva, les deux tendances se balancent. Les employés et les contremaîtres suivent plutôt l'UGT, et celle-ci fut également l'organisation préférée des classes moyennes qui, en 1936-1937, se voyaient obligées d'adhérer a un syndicat. Les syndicats communistes n'ont jamais été très nombreux et se voyaient obliges de solliciter leur admission à l'UGT en 1934-1935. En Catalogne, le POUM dirigeait quelques syndicats dissidents. Les « jaunes » n'ont jamais pu jouer un rôle, si modeste fût-il.

Juan Andrade a dressé un bilan assez défavorable à la bureaucratie ouvrière de l'UGT. Il dit notamment que les fonds provenant des cotisations étaient employés pour entretenir un nombre exagéré de fonctionnaires. Mais les chiffres qu'il cite - 1 100 000 pesètes par an - sont faibles en comparaison avec les chiffres correspondants dans d'autres pays. S'il est vrai que Caballero a touché 5 000 pesetas par an, ce chiffre doit paraître modique.

D'autre part, il est vrai que la bureaucratie ouvrière profitait du manque de fonctionnaires républicains pour cumuler plusieurs emplois administratifs. La propagande des Droites a reproché à Caballero son traitement de 50 000 pesetas et a cité nommément des fonctionnaires qui avaient obtenu leurs places par l'entremise du parti socialiste. A la vérité, ce parti déplorait qu'il ne comptât pas parmi ses militants un nombre suffisant d'hommes capables d'occuper des places administratives. Pour combattre le caciquisme, il aurait fallu submerger de socialistes l'administration et développer les organismes d'auto-administration. Isolés qu'ils étaient, les quelques fonctionnaires socialistes n'étaient que des éléments de l'Etat cacique.

Mais quoi qu'on en dise et bien qu'on puisse critiquer les chef socialistes à maints égards, on avouera qu'ils n'ont pas manqué de courage ni en 1934, ni en 1936-1937.

Action directe et action indirecte. - Le mouvement ouvrier s'est développé sur deux lignes, dont l'une remonte à la vieille tradition du Cid, du guérillo ou brigand. L'idéalisme de Don Quichotte qui part pour combattre le mal, est toujours vivant dans le peuple espagnol.

Borkenau, dans son exposé lumineux de la pensée anarchiste, insiste sur la collusion entre la haute moralité puritaine des narchistes et la négligence des valeurs morales du code pénal. Au sein de la « fratrie » la propriété est sainte, en dehors d'elle, ni l'anarchiste ni le garde civil ne respecte la propriété de l'ennemi. Quiroga a appelé les anarchistes « des bandits munis d'un carnet syndical », Jesus Hernandez les a qualifiés de « tribu » ; ces constatations ne sont même pas la moitié de la vérité ; la réalité est que dans aucun autre pays le peuple opprimé tel quel, s'est organisé en marge des partis. L'anarchisme se rapproche sensiblement de la notion du prolétariat chez le jeune Marx qui y a vu « l'humanité déshumanisée » à la quête d'un nouvel humanisme.

En effet, dans un Etat où la majorité de la population est obligée de vivre en marge de la loi, les limites entre le criminel et le héros libertaire sont difficiles à tracer. Si l'ouvrier qui défend ses droits et le paysan qui ne veut plus supporter l'injustice sont considérés comme criminels, si personne n'a assez de moyens légaux pour se faire entendre, tout le monde est rebelle. La légalité étant exclue de l'action économique, le choix parmi les moyens illégaux ne se fait plus au point de vue moral, mais au point de vue du succès: voilà la fameuse « action directe ». Ses formes sont le sabotage, l'attentat, la grève, surtout la grève générale, le coup de main, l'occupation de terres, et toute une série de démonstrations inconnues dans les autres pays d’Europe, et qui, parfois, sont d'une ingéniosité singulière. C'est ainsi que les employés du tramway à Barcelone ont mis en marche un wagon brûlant. Dans beaucoup d'occasions, les paysans ont brûlé les titres de propriété rurale; les ouvriers agricoles ont occupé les mairies pour empêcher les autorités de communiquer avec le gouvernement central, etc. En outre, on se sert du poste de travail pour favoriser l'action syndicale ou politique: les employés des postes et télégraphes ont travaillé depuis la fin de l'année 1930 pour les chefs républicains emprisonnes; en 1936, ils ont surveillé les communications des factieux et ont pu prévenir le gouvernement de leurs plans. La CNT possédait, en outre, des comités de défense.

La grande mystique de cette action est la grève générale qui ébranle tout le système de la société. La moralité anticapitaliste s'affirme, le prolétariat fait l'exode au Mont Aventin. Méconnaissant cet état d'esprit, les socialistes ont voulu empêcher la grève par l'arbitrage. Plus encore qu'une lutte pour telle ou telle revendication concrète, la grève est l'affirmation de la force, de la mentalité et de la moralité des ouvriers. Depuis la « semaine sanglante » de Barcelone en 1909, où les ouvriers ont débrayé pour protester contre la guerre marocaine, en passant par les grandes grèves révolutionnaires de 1918-1919, jusqu'aux luttes contre la dictature, il y a toute une série de grèves générales, accompagnées d'actes d'héroïsme et suivies de répressions tragiques. Des centaines d'ouvriers ont dû quitter le pays, des milliers remplissaient les prisons, et chaque année, on comptait des douzaines de morts. Le prolétariat ne bénéficiait d'aucun quartier et ne donnait pas de repos à ses adversaires. Pendant la dictature, le nombre des grèves, s'élevait à 100 par an, avec 50 000 à 70 000 grévistes, en dépit de l'interdit ; dans les premières années de la République, on comptait 200 000 ouvriers faisant la grève, et en 1933, il y eut plus de mille grèves avec 840 000 ouvriers intéressés. 40 % de ces grèves atteignirent leur but immédiat. Un nombre considérable de grèves politiques ne figure pas dans la statistique.

L'entente entre les ouvriers de différentes opinions politiques se' fait facilement sur le plan syndical; les ouvriers UGTistes ne sont pas opposés pas principe à l'action directe; ils approuvent les CNTistes qui combattent les jaunes et les briseurs de grève par la terreur. La CNT, d'autre part, a sollicité le droit de signer des conventions collectives. En 1934, CNT et UGT ont lutté ensemble dans les Asturies ; en 1937, ils ont réagi ensemble à l'encontre de gouvernements anarcho-socialiste et socialiste-républicain. Au front, d'ailleurs, il n'y avait pas de différends. Ce qui entrave l'unité n'est que la jalousie politique. Les chefs socialistes accusent des conflits insensés voués à l'échec; les anarchistes, de leur côté, traitent de « briseurs de grèves » les UGTistes qui ne suivent pas le mot d'ordre de grève générale. En effet, il y a des charges sérieuses. Les chefs socialistes, par exemple, ont agi de façon à retirer à la CNT la faculté de conclure des conventions collectives. Lors de la grève contre la Cia Telefonica madrilène, le ministre Prieto a promis à la société' une indemnité pour chaque jour de grève à condition qu'elle n'entre pas en pourparlers avec la CNT. De telles pratiques ont largement contribué à semer parmi les travailleurs la méfiance à l'égard de la politique ; l'échec des socialistes en 1933 n'a eu aucun rapport avec la situation de la guerre de classes: les ouvriers qui se battaient, jour après jour, épaule contre épaule avec les anarchistes, contre la police républicaine, ne suivirent plus les mots d'ordre du parti socialiste que les conservateurs considéraient comme le plus décidé à combattre les émeutes.

L'action directe se heurta à cette autre tendance du mouvement socialiste, le réformisme marxiste. Les origines castillanes de ce mouvement, auxquelles Madariaga en fait remonter le sens des responsabilités politiques, se sont jointes à l'expérience de la législation sociale et au développement moderne de la côte Cantabrique, pour substituer le représentant politique à l'ancien Robin Hood anarchiste. Cette tendance prétendait arracher à la bourgeoisie et aux hobereaux (avec si peu de succès durable) l'indemnité de chômage, l'assurance sociale, l'arbitrage des conflits sociaux, en un mot tout ce qui est le domaine du mouvement gradualiste et réformiste dans les autres pays. (Le mouvement primitif espagnol est essentiellement opposé à toutes ces revendications; les anarchistes pensent que l'assurance contre le chômage porte préjudice à leur lutte pour le droit au travail.) Ce réformisme ouvrier ne s'intéressait guère aux questions de doctrine. Pour imposer des améliorations aux patrons patriarcaux, il comptait se servir de tout moyen utile, quelle que fût la constitution de l'Etat. Dans ce but, Largo Caballero a essayé de collaborer même avec Primo de Rivera. En effet, dans sa lutte pour le progrès « à l'européenne », le dictateur, combattant à tour de rôle les bourgeois, les classes parasitaires et l'armée, comptait trouver un support chez l'UGT. Avec les ébauches d'un droit du travail, des arbitres, des lois sur l'assurance, le dictateur a cru pouvoir utiliser le mouvement socialiste contre la bourgeoisie républicaine; l'attitude indécise de l’UGT à l'égard de la conspiration maçonnique de 1930 n'était pas la seule cause qui ait retardé l'avènement de la République; mais cette attitude, inexplicable aux yeux des syndicalistes français, ne démontre que l'indifférence à l'égard de la politique qui est commune à tous les milieux socialistes et syndicalistes espagnols.

Un autre exemple de cette confusion dans le camp réformiste était l'avènement à la présidence de l'UGT, en 1931, de l'équipe d'extrême droite (Besteiro-Saborit) qui, sous le couvert du mot d'ordre gauchiste « pas de contact avec la bourgeoisie », combattit la participation socialiste au gouvernement.

D'autre part, Caballero, qui était secrétaire du Travail dans le cabinet de Primo de Rivera est « de gauche » maintenant. La vérité est qu'il n'était jamais républicain et démocrate dans le sens occidental. Son théoricien, Luis Araquistain, regardait l'idéal socialiste comme indifférent à l'idéal républicain.

Malgré les grands efforts des réformistes, la République, elle non plus, n'a pas gagné le coeur de l'ouvrier espagnol. Les syndicalistes se servaient des avantages de l'arbitrage et des comités mixtes; mais ils s'en méfiaient en même temps. Ils préféraient un ministre socialiste à un ministre agrarien, mais ils ne respectaient ni la police, ni la loi, même commandées par des socialistes. Ils ont vote pour le Front populaire, mais ils n'ont pas attendu la formation d'un ministère pour libérer les prisonniers et pour occuper les champs. C'est dire qu'ils n'ont pas accepté ce qui est l'essentiel de l'enseignement gradualiste dans les autres pays: l'action politique parlementaire, le respect de la loi et l'action dans là légalité. Le mouvement ouvrier n'a pas considéré l'Etat républicain comme « son » Etat. La tendance réformiste des dirigeants est républicaine, les ouvriers ne le sont pas. Dans l'affirmative comme dans la négative, le mouvement espagnol reste apolitique. C'est pourquoi les deux actions ont été utilisées alternativement ou conjointement, mais jamais l'une ne l'a été à l'exclusion de l'autre.

Au cours des derniers mois de la République, cependant, on a remarqué un courant nouveau. L'UGT avait surclassé, avec 1500 000 adhérents, la CNT qui était en léger recul. Les milieux anarchistes commençaient déjà à s'inquiéter d'un nouvel état d'esprit « matérialiste » des ouvriers qui semblaient préférer la lutte pour le pain quotidien à la lutte révolutionnaire. Surtout après la défaite anarchiste de décembre et après les élections de février, on remarqua dans le sein même de la CNT un courant, le trentisme qui avait fait preuve d'un penchant pour le « modernisme » de Primo et qui, en 1932, s'était séparé de la CNT pour former le « Parti syndicaliste ». Pestana, mort en 1938, était le chef ouvrier le plus « européen » de l'Espagne.

En effet, malgré le caractère violent de certaines grèves et occupations, les ouvriers étaient disposés à reconnaître l’Etat actuel, tel qu'il se présentait à leurs yeux sous forme d'un gouvernement Front populaire. Ils étaient encore loin de considérer l'Etat comme « le leur », mais ils s'éloignaient aussi de la « moralité révolutionnaire ». Le syndicalisme apolitique, aussi révolutionnaire qu'il soit, est toujours susceptible de se transformer en réformisme syndicaliste. Bien qu'il ne renonce pas à ses moyens de l'action directe, la « violence » sorelienne ne creuse plus une tranchée infranchissable entre lui et l'Etat.

Cette évolution qui s'était déjà ébauchée en 1931, époque où elle fut contrariée par les mesures antidémocratiques du gouvernement républicain, venait se joindre, en 1936, aux forces démocratiques du Front populaire, mais elle progressa à une allure moins rapide que le désir des réactionnaires de restaurer l'ancien désordre espagnol. Le 19 juillet prouva d'ailleurs que le moral révolutionnaire n'avait pas souffert de cette évolution.

Le marxisme. - « Les masses étaient supérieures aux chefs », dit Maurin, en parlant de l'initiative révolutionnaire. Mais elles manquaient de chefs capables de coordonner leur activité spontanée et de lui donner des buts déterminés et de la cohésion. Ce décalage entre l'action des masses et l'action des chefs découle d'une raison sociologique: les masses n'aspiraient pas à la même chose que les chefs; les ouvriers étaient rebelles tout court contre la société existante, leur philosophie était celle du Mouvement tel quel, leur mythe celui de la Liberté (avec majuscules); les chefs ou révolutionnaires professionnels, par contre, s'orientent vers un but précis. La République par exemple, ou une constitution soviétique.

La différence apparaît au plus clair lorsqu'on examine les divergences entre le parti socialiste et les syndicats, ou celles entre le marxisme et l'anarchisme. Le parti socialiste était positivement intéressé à la République, l'UGT, comme nous l'avons vu, ne l'était point; Caballero était ministre de la dictature en tant que président de l'UGT; d'autre part, Besteiro, qui fut président de cette organisation dans les premières années de la République, s'opposait au républicanisme socialiste. Les anarchistes qui voulaient embrasser le tout de la révolte humaniste des masses, cultivaient les mythes, vertus et défauts correspondant à cette attitude et demeuraient hostiles à toute doctrine; les marxistes, au contraire, cultivaient le mythe de l'organisation et de la discipline et s'armaient d'une doctrine rigide qui leur permettait de diriger le mouvement confus vers des buts limités mais déterminés. La différence entre « l'étatisme » marxiste et l'anti-étatisme » anarchiste n'est donc pas une différence théorique, c'est la conséquence de deux facons différentes de vivre, de deux attitudes socialement bien définies. « Ils font l’Apocalypse, nous devons organiser la révolution », dit Malraux.

Le problème des marxistes « politiciens » consistait donc à utiliser les mouvements spontanés des masses plus ou moins bakounistes, de les conduire et de leur imposer des buts à atteindre. Après l'expérience de cinq années de République, on peut dire que cette tentative a échoué. Le divorce qui existe entre l'Etat et le peuple s'est prolongé dans le divorce qui subsiste entre les partis marxistes et les ouvriers.

En 1936, une lutte âpre s'était engagée entre la nouvelle « gauche » de Caballero, redevenu président de l'UGT, et la présidence du parti socialiste, menée par Pena, le leader des mineurs asturiens, et Prieto. Ces derniers préconisaient la coalition avec les républicains, élaboraient des plans économiques (dans le cadre de l'économie espagnole, la qualification de « grands travaux » y conviendraient mieux) et s'opposaient aux grèves inconsidérées. Besteiro en était déjà à une conception corporatiste, tandis que Prieto, plus habile, n'en parlait qu'en termes républicains. Les « Gauches », qui pouvaient se vanter d'avoir conservé intacte l'organisation pendant les années de dictature, réclamaient maintenant le socialisme de nos jours. L'expérience républicaine avait conduit le socialisme enthousiaste au carrefour réaliste: abandon de la lutte de classe au profit d'un corporatisme républicain ou révolution socialiste. Cette lutte faisait rage au sein des réunions socialistes, lorsque l'adversaire vint trancher la question.

Le premier pas vers une nouvelle conception de la lutte ouvrière chez les socialistes fut la création des alliances. Sous leur cri de guerre « UHP » (Unissez-vous, frères prolétaires »), elles ont créé un nouveau mythe de la révolution. Cette nouvelle orientation vers une démocratie des masses laborieuses trouva cependant un adversaire inattendu: le parti communiste vint opposer aux alliances ouvrières des alliances ouvrières et paysannes qui dans la pratique n`étaient qu'une entente des chefs de différentes organisations.

A l'opposé des syndicats, les partis marxistes étaient plus nombreux. Le partis socialiste comptait 60 000 militants, le parti communiste tout au plus 20 000 en février et, d'après l'organe du parti, le chiffre était monté à 50 000 en juillet 1936. Le Parti socialiste unifié de Catalogne (PSUC) formé par l'union des communistes, des socialistes et de deux autres groupes, n'était qu'une addition de zéros, qui s'ajoutait aux autres partis fantômes de la Troisième Internationale. En Catalogne, quelques groupes de dissidents communistes (dont les trotskistes qui s'étaient séparés de Trotski) s'étaient réunis avec d'autres organisations régionales dans le Parti ouvrier d'unification marxiste (POUM). Ce parti possédait des noyaux à Lerida (ville natale de son leader Maurin), à Barcelone et ailleurs, mais n'ayant pas su liquider ses éternelles querelles avec les syndicats, il était relativement isolé en 1936. Par contre, il revendique l'honneur d'être l'initiateur des Alliances ouvrières.

L'insuccès du marxisme en Espagne est dû à la rigidité de son enseignement et à une interprétation fallacieuse du matérialisme historique. L'Espagnol aime l'action spontanée et généreuse. La rebellion anticapitaliste et humaniste; il ne tient ni à cette idée occidentale du progrès par laquelle le marxisme lie la révolution du prolétariat a celle de l'humanité, ni à cette discipline et technique de la révolution qui est la facon de vivre chère aux léninistes.

« Le mythe d'un prolétariat foncièrement révolutionnaire est une invention de non-prolétaires. Nous autres ne croyons pas à un instinct infaillible de classe; nous trouvons des hommes de bonne volonté et qui sont capables de se sacrifier pour un idéal de justice dans toutes les situations économiques; et ces hommes et femmes sont de notre classe, de la classe de la révolution, celle qui, à la tête de l'humanité, s'achemine vers la terre promise du socialisme. Sur l'idée de classe se cimente facilement l'idée de la dictature... Si réellement, le fameux instinct de classe existait, on ne comprendrait pas comment la bourgeoisie arrive à faire protéger ses privilèges par une bureaucratie et une police constituée de prolétaires salariés... Le divorce entre les facteurs du travail - le travail manuel et la science technique - serait une catastrophe... La révolution est une ceuvre de justice qui ne connatt pas de classes; nous sommes révolutionnaires pour l'amour de la justice et parce que nous haissons l'iniquité quelles qu'en soient les causes. Nous aspirons à un régime social sans privilèges ou l'idéologie de classes n'ait pas de raison d'être. Parce qu'on a négligé d'éclairer les classes moyennes sur la communauté des intérêts de tous les travailleurs, elles sont devenues un réservoir du fascisme... »

(Santillan.)

Le marxisme représente l’Europe dans ce pays si peu européanisé. Le théoricien marxiste ne cadre pas avec la « révolution du peuple »; il est certainement plus proche du réformateur éclairé du type jovellanos, Primo et Azana que de l'ouvrier espagnol. Les actes historiques du prolétariat espagnol ne se sont pas inspirés du marxisme, ni d'aucune autre théorie; ils proviennent de sources beaucoup plus sentimentales. Pourtant, le marxisme s'assigne pour tâche de lier ces mouvements des profondeurs au but historique qu'il a reconnu nécessaire et salutaire. Si, au lieu d'accomplir ce travail, il est resté isolé, c'est qu'il n'a su renoncer à participer au vieux jeu de la politique espagnole, ce qui est le cas des communistes, ou qu'îl s'est tenu par trop étroitement à des formules toutes faites, ce qui est arrivé aux troskistes.

Méthode cacique et méthode révolutionnaire. - Nous avons dit que le marxisme représentait l'élément étatiste dans le mouvement ouvrier. La méthode épousée par les chefs socialistes et communistes était donc celle du pronunciamiento vieux style espagnol.

C'est ainsi qu'en 1930, lorsque le mouvement révolutionnaire grandissait, les socialistes ne s'occupaient que du pronunciamento. Ils travaillaient l'opinion des officiers, ils s'accordaient avec les vieux leaders bourgeois, dont Zamora, ministre du roi-,ils répartissaient déjà les sièges ministériels, mais ils ne firent rien pour appeler à l'action le prolétariat. Ils renonçaient à la révolution, dès que les chefs bourgeois y avaient renoncé. Les officiers de Jaca se virent abandonnés et trahis, les dirigeants syndicaux n'ayant pas déclaré la grève... sous prétexte que, c'était vendredi 13 et que les ouvriers n'avaient pas encore recu leurs salaires. En effet, ils avait tout prépare pour présenter une constitution républicaine, à un peuple ébahi, mais ils préfèrent l'échec du pronunciamiento au risque de voir les masses accomplir la révolution. Le peuple n'était pas prévu dans la révolution et le pronunciamiento fut ajourné dès que l'armée s'était désolidarisee des héros de Jaca.

Caballero commit la même faute en 1934. Il prépara un pronunciamiento d'avant-garde sans préparer les masses. Il pensait certainement que sa propre conversion à la méthode révolutionnaire devait suffire pour sauver la démocratie espagnole. Il n'avait pas encore appris que l'organisation des masses doit se conformer, elle aussi, aux besoins de la révolution. L'esprit révolutionnaire n'apparaît, le jour de la révolution, que s'il réside dans l'organisation même des forces révolutionnaires; l'armée révolutionnaire ne se constitue pas en marge de la lutte des classes, tels un organisme spécial. Lutte de classes et conquête du pouvoir ne sauraient être séparées sans entraver l'oeuvre de la révolution. Les formes des organisations ouvrières doivent être à la base et de l'armée révolutionnaire et du gouvernement révolutionnaire qui en surgit.

Or, cette organisation révolutionnaire était acquise dès 1934, en marge des centrales des partis, dans les Alliances ouvrières. En Russie, en 1905, les soviets se forment, au-delà des partis, rassemblant le prolétariat dans la lutte; en Espagne en 1933-1934, les Alliances ouvrières deviennent les noyaux de la lutte, où se cristallise la volonté d'action prolétarienne. Ce que fut le soviet pour la Russie, l'Alliance ouvrière le devint pour l'Espagne. En mars 1934, le premier succès des Alliances est la grande grève de Madrid, suivie d'une grève de sympathie à Barcelone, déclenchée en marge de la CNT, voire contre la volonté de cette centrale. Durant toute l'année 1934, de grandes grèves partielles et générales se produisent, celle de Saragosse dura plus d'un mois. Les communistes et les anarchistes se voient obligés d'adhérer aux Alliances; la Fédération anarchiste des Asturies engage une âpre discussion pour obliger ses coréligionnaires dans les autres régions a suivre son exemple. La « Commune asturienne » n'est pas l'oeuvre d'un parti ni d'une mystique, elle est dirigée par un comité à composition paritaire formé par les mineurs. L'Alliance ouvrière était en même temps l'organe de lutte et l'organe de transformation sociale, ainsi que l'avaient été les soviets en 1905 et en 1917. Le mot d'ordre de « soviets » ne signifie rien en Espagne, parce qu'il ne répond à aucune réalité de la lutte. Les mots « Alliance ouvrière », « Syndicats » et UHP disent tout au prolétariat espagnol, parce qu'ils renferment toute la vie de l'ouvrier et toute sa lutte.

Le parti communiste réformé. - Dès 1935, le parti communiste avait changé de tactique: un manifeste publié au commencement de cette année disait encore: « Les ouvriers n'ont rien de commun avec cette République. »

De là au Front populaire, le long chemin fut parcouru en moins de six mois, Au commencement de 1937, le parti communiste, dans le « plenum » de son Comité central, adopta un autre manifeste, où il déclara :

« La consigne de la République démocratique et parlementaire de type nouveau et de nouveau contenu social est la consigne sous laquelle il faut rassembler les ouvriers et tous les Espagnols qui ne sont pas traîtres à leur patrie, qui veulent sauvegarder l'indépendance nationale... Le prolétariat et le parti communiste combattent en premier lieu pour la cause de l'indépendance nationale, pour la sauvegarde de nos droits et libertés démocratiques et les intérêts matériels et culturels de tout le peuple, accomplissant ainsi leur tàche historique. »

Le parti communiste a pu accomplir cette volte-face grâce à sa discipline et grâce à sa ferme organisation qui le distinguait de tout autre parti.

Ses militants étaient soumis à une discipline rigoureuse, en échange de laquelle ils pouvaient être sûrs de tout le secours matériel et moral de la part de leur organisation. Le militant communiste, séparé de toute autre société, en est réduit à obéir à son parti, parce que l'exclusion du parti le prive de tout. Ce parti était moins qu'un « gang », mais plus qu'une franc-maconnerie. C'était un ordre. Le parti placait ses militants aux postes importants dans le commandement de l'armée, dans les syndicats, dans l'administration. Les communistes groupaient les hommes plus décidés, les plus actifs; quiconque les a vus à l'oeuvre ne put s'empêcher d'admirer la netteté de leurs décisions, la précision de leurs mouvements, bref le caractère militarisé des militants. Ils avaient l'avantage de ne pas être gênés par des scrupules d'ordre idéologique: si les anarchistes n'ont cédé que malgré eux aux nécessités de la guerre, les communistes savaient que la militarisation de la vie sociale pendant la guerre devait leur donner plus de pouvoir et d'influence. A un moment oú tous les autres nageaient encore dans l'enthousiasme de la révolution spontanée, ils étaient les premiers à préconiser la formation d'une armée régulière et à insister sur la constitution d'un gouvernement fort. Décidés d'en finir avec l'indolence espagnole, c'étaient eux qui rendaient à la population le sentiment de pouvoir sortir de la pagaille et qui lui donnaient les moyens d'organisation nécessaires à cette oeuvre. Durruti pouvait faire obéir ceux qui lui étaient dévoués, mais les communistes savaient obtenir la discipline de tous les miliciens: d'abord par la propagande de la discipline, puis par la peur, enfin la terreur.

Les chefs militaires et les membres de l'administration vantent l'intelligence des communistes, leur habileté de se conformer à la situation de guerre, leur sens d'ordre et de discipline. Les anciens chefs, qui, au début, par crainte des bolchevicks, inclinaient plutôt pour l'anarchisme, changeaient bientôt d'avis et s'orientaient vers le communisme par crainte de l'anarchie. Les masses petitesbourgeoises qui redoutaient le communisme au début, lui étaient reconnaissantes par la suite et le considéraient comme sauveur dans leur détresse économique, morale et politique.

Ceci dit, on comprendra facilement le changement survenu au bout de trois ou quatre mois de guerre et qui étonnait les adversaires du PC autant que les observateurs peu familiers des lois sociologiques: le parti communiste jouissait d'une autorité incontestée dans les milieux petits-bourgeois, dans les milieux dirigeants et administratifs, et parmi les ouvriers apolitiques. Quiconque considérait la guerre comme la tâche suprême du mouvement, dirigeait ses regards vers le parti communiste; ceux, au contraire, qui étaient attachés à la cause de la révolution en arrivaient à le hair. En effet, les communistes s'adonnaient à la tâche de reconstruire la République déchue et écrouée; ils décurent ceux qui considéraient l'Etat comme la racine de tous leurs maux, mais ils redonnèrent l'espoir à ceux qui considéraient l'Etat comme garant du bien-être et de la sécurité.

Le parti communiste a montré qu'une organisation minoritaire, bien décidée à exercer le pouvoir « à tout prix », même celui de renier le programme du parti, peut noyauter toute l'organisation militaire et politique d'un pays.

Certes, la fortune des communistes était due, dans une proportion importante, à l'influence russe. Mais ramener tout à « Moscou » n'est pas moins stupide que ramener le succès de Hitler à l'argent de Thyssen. Dans les deux cas, le pouvoir fut conquis par une méthode bien étudiée et qui fut favorisée par un vide dans l'organisation nationale.

Parlant sociologie, c'est-à-dire laissant de côté les idéologies justificatives, le parti communiste espagnol représente un « fascisme de gauche », caractérisé par sa structure et par son action: il n'est pas comme le mouvement socialiste, un parti des masses qui veulent agir elles-mêmes, mais un parti de masses qui délèguent leur pouvoir à des troupes de choc et se contentent d'acclamer ceux qui exercent le pouvoir réel; il agit moins par les masses que par le noyautage de l'Etat et des fonctionnaires; il organise sa machine exécutive en marge de l'idéologie qu'il professe; ses mots d'ordre concernent les moyens plutôt que le but; il est hostile à la révolution et à l'auto-administration des masses; ceux qui le suivent sont loin de représenter le prolétariat et ses aspirations séculaires. La terreur qu'il exerce n'est pas la terreur de masses, caractérisée par l'action directe et spontanée, niais la terreur policière qui engendre des actes de sadisme. (Voir note 3 du chapitre 8.) Il est hors de doute que les communistes, s'ils avaient gagné le pouvoir, auraient été les seuls capables d'installer en Espagne un régime dictatorial de type progressif et efficace, à l'instar de la première conception mussolinienne, et à l'opposé des partis de droite espagnols, qui, en raison de leurs liens avec l'ancien régime, ne seraient jamais capables d'accomplir une oeuvre utile d'organisation.

Les communistes ont, d'ailleurs, rendu publique eux-mêmes la conversion au communisme de plusieurs personnalités en vue du mouvement phalangiste, et Humanidad, l'organe de Companys, se plaignait que « ces gens se servent toujours des méthodes qu'ils ont employées à l'époque où ils étaient fascistes».

 


 

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