La CNT était,
par sa constitution, indépendante de tous les partis politiques d’Espagne, et
s’abstenait de participer aux élections parlementaires ou autres. Son
objectif était de grouper: les masses exploitées, dans la lutte pour l’amélioration
quotidienne des conditions de travail et de salaire, et pour la destruction révolutionnaire
du capitalisme et de l’État. Son but était le Communisme libertaire, système
social fonde sur la confédération de libres communes au niveau local, regional
et national.
La plus
complète autonomie était de regle pour ces fédérations, l’unique lien avec
l’ensemble étant formé par les accords de nature générale adoptés aux
Congrès nationaux ordinaires et extraordinaires.
Le 6 janvier
1936, le Comite regional de la CNT en Catalogne, organisa une conférence régionale
pour discuter deux questions dont la première était : «Quelle doit être la
position de la CNT à l´égard des organisation qui, bien que n’étant pas
d’accord avec nos objectifs, ont leur base dans la classe ouvrière ?» et la
seconde : «Quelle attitude définitive et concrète doit adopter la CNT aux
prochaines élections ?» A cause de la rapidité de la convocation, et aussi du
fait que la plupart des syndicats étaient encore illégaux, la Conférence était
peu representative, et quelques délégués en vinrent même a penser que le
Comite regional avait un intérêt personnel à discuter ces questions. Néanmoins,
la majorité des délégations, chez qui prévalut l’opinion que la position
antielectorale de la CNT était plus de tactique que de principe, fut favorable
à la discussion.
L’historiographe
de la CNT en exil 1 ne nous
dit pas comment se déroula la conférence, mais nous rapporte un document du
secrétariat de l´AIT (Association Internationale des Travailleurs, a laquelle
la CNT était affiliée depuis 1922) intitulé «l’AIT et la crise de la démocratie,
les élections et le danger du moindre mal». Il s’agissait d’une défense
soigneusement raisonnée de l’abstentionnisme raditionnel de la CNT et d’un
exposé sur l’inefficacité du Front Populaire politique comme riposte à la
menace fasciste et réactionnaire. Ce document fit une profonde impression à la
Conférence, une réponse fut envoyée à l’AIT, réaffirmant la position
abstentionniste de la CNT et un schéma de délibération fut prépare, suggérant
une campagne antipolitique et abstentionniste à l’occasion des élections qui
approchaient. Cependant d’après le délégue d’Hospitalet de Llobregat, au
congrès de la CNT de mai 1936 a Saragosse : «En Catalogne, on a collaboré,
par mutisme, avec 1’«Esquerra *» aux
dernières élections, et «Solidaridad Obrera **»
a justifié le triomphe des partis de gauche, donnant ainsi une valeur au vote
alors que nous l’avons toujours niée, parce que nous savons que cela n’est
pas. La propagande préelectorale a eu un aspect confusionniste de façon telle
qu’il aurait mieux valu dire de voter. Ce fait est d’une telle gravité
qu’il faut qu’il ne se répète pas. Nous remarquons également que les
accords de la Conférence n’ont pas été respectés, étant donné que la
motion a adopte les effets de la campagne de 1933 ***
et que, pourtant, elle n’a pas fait de campagne antiélectorale.
*
Esquerra : parti autonomiste catalan de gauche.
**
Solidaridad Obrera : Organe de la CNT à Barcelone.
***
Campagne de 1933 : l’abstention en masse avait été préconisée pour que, en
octobre 1933, les députés de droite soient élus, en pensant que cela déclencherait
la révolution, mais les mouvements de décembre 1933 et d’octobre 1934 ne
furent pas suffisants (N. d. T.).
(El Congreso
Confederal de Zaragoza, Éditions CNT, 1955, p. 147.)
Quand, le
mois suivant, les élections eurent lieu, « la CNT avait mené une campagne
antielectorale restée inaperçue du fait de sa timidité ». Peirats ne précise
pas que, en fait, aux élections de 1936 les membres de la CNT votèrent en
grand nombre, si bien que Gerald Brenan, dans le «Labyrinthe espagnol»,
soutient que l’augmentation d’un million un quart de voix obtenues par la
gauche, par rapport à 1933, «peut être attribuée en grande partie aux. votes
anarchistes» !
Le leader
socialiste, Largo Caballero, en justifiant sa collaboration avec les
anarchistes, au Gouvernement, lors d’un discours prononce à Valence en
octobre 1937, et en réponse aux critiques de son parti, qui avaient été en
grande partie responsables de sa démission, appela l’attention sur
l’importance du vote anarchiste aux élections de février.
«Quand les
élections arrivèrent et que nous avons vu en dange les candidatures de gauche,
nous n’avons eu aucun scrupule à faire appel á la Confédération et aux
anarchistes en leur disant «venez voter pour nous». Mais après avoir reçu
leurs voix, étant au Parlement, nous leur avons dit quand le Gouvernement
s’est constitué: «Désormais, vous ne pouvez intervenir dans la vie
politique; vous avez fait votre devoir.»
Pour
l’anarchiste Santillan, il n’y a pas de doute que les anarchistes votèrent
et, á son avis, judicieusement. Selon lui
2
les masses votèrent selon «leur sûreté instinctive habituelle» en vue de
quelques objectifs déterminés: déloger du gouvernement les forces politiques
de la réaction fasciste et obtenir la libération des 33 000 prisonniers
politiques (victimes de la sauvage répression qui suivit le soulèvement des
Asturies en octobre 1934). Il justifie cette position et ajoute:
«Sans la
victoire électorale du 16 février, nous n’aurions pas eu un 19 juillet
(...). Nous avons donné le pouvoir à la gauche, convaincus que, dans ces
circonstances, elle représentait le moindre mal.»
(page
37)
Il faut
noter que Santillan était membre dirigeant de la FAI (Fédération Anarchiste
Ibérique), organisateur des milices antifascistes en Catalogne et, plus tard,
l’un des ministres «anarchistes» du
gouvernement catalan.
Après avoir
justifié l’intervention anarchiste dans les élections, Santillan continue en
affirmant que:
«les partis
de gauche étant arrivés au pouvoir, grâce à nous, nous avons pu observer
comment ils persitèrent dans leur manque de compréhension
et dans leur aveuglement. Ni les ouvriers de l’industrie ni les paysans
n’eurent la moindre raison de se sentir davantage satisfaits qu’auparavant.
Le pouvoir réel était resté aux mains du capitalisme factieux, de l’Église
et de la caste militaire»
et l’armée
procédait aux préparatifs du coup d’État
«pour
soustraire aux parlementaires républicains ce qu’ils avaient gagné légalement
aux élections du 16 février».
La victoire de la gauche eut pour résultat l’ouverture des prisons en février 1936 et la libération de la majeure partie des ennemis politiques de la Droite.3
Quatre mois
plus tard, le 20 juillet, quand les travailleurs de Barcelone eurent vaincu la rébellion,
leur première initiative fut d’ouvrir la prison de Barcelone, qui, aux dires
de Santillan, était «bourrée de camarades a nous», victimes, cette fois,
non pas des partis de droite, mais de ceux de gauche! Santillan, ensuite, admet
que le changement de gouvernement, n’avait pas, en effet, déplacé «le
pouvoir, réel», et nous savons par des témoignages documentés que les généraux
avaient commencé a préparer leur coup d’État avant les élections de février.
(Peirats donne connaissance dans son livre, d’un manifeste émanant de la CNT
avant les élections, qui mettait en garde le peuple espagnol contre les préparatifs
fomentés par les généraux — indiquant le Maroc comme centre de ces activités
— et qui recommandait aux travailleurs révolutionnaires de rester en éveil
et prêts á agir. «Ou le fascisme ou la Révolution sociale» était le mot
d’ordre de ce manifeste historique
*.)
*
Reproduction
photographique dans Peirats, Vol. I.
Le
Gouvernement de Front Populaire n’accepta pas ces avertissements. Pour le
Ministre de la Guerre, il s’agissait de «rumeurs»
qui pouvaient être considérées comme «fausses et privées de tout fondement»,
répandues pour provoquer:
«l’anxiété
dans le public, diffuser la rancune contre l’armée et miner, sinon détruire,
la discipline qui est fondamentale pour l’armée.
Le Ministre
de la Guerre a l’honneur de pouvoir déclarer publiquement que tous les rangs
de l’Armée espagnole, du plus élevé au plus bas, se maintiennent dans les
limites de la plus stricte discipline, toujours prêts à exécuter à la lettre
les ordres donnés... L’Armée espagnole, modèle d’abnégation et de loyauté,
mérite le respect des citoyens, l’affection et la gratitude qui sont dues à
ceux qui, au service et à la défense du pays et de la République, ont offert
leur vie, si la sécurité et l’honneur national l’exigent»
et ainsi de
suite, jusqu’a la nausée.
Durant ces
quelques mois, depuis les élections de février jusqu’aù soulèvement
militaire en juillet, toute l’Espagne fut en effervescence. Il y eut 113 grèves
générales et 228 grèves locales, beaucoup en signe de protestation contre les
insultes de la droite. Dans la lutte contre les forces de l’ordre, et entre
les partis politiques, 1 287 personnes furent blessées et 269 tuées. Et, comme
nous l’avons déjà dit, les prisons se remplirent de militants anarchistes.
L’histoire
espagnole — et aussi l’histoire récente — ne faisait que se répéter. En
1931, avec la proclamation de la République, un gouvernement socialiste — républicain
— s’était formé. Il était politiquement impuissant, sauf pour l’usage
qu’en firent les vieux politiciens de la Monarchie qui l’utilisaient, comme
l’observe Santillan, pour poursuivre les habituelles répressions contre le
mouvement révolutionnaire
4.
Aux élections de 1933, le gouvernement de gauche avait été battu par la
droite, et cela surtout par l’abstention en masse des travailleurs dont la CNT
fut principalement responsable. Peirats décrit ainsi cette «grève électorale»
de la CNT:
«La
campagne fut intense, continua durant toute la période électorale et se
termina par une colossale assemblée aux grandes arènes de Barcelone où les
orateurs de la CNT, Pavon, Germinal, Durruti et Orobon Fernandez, lancèrent le
mot d’ordre: «Face aux urnes, la révolution sociale!» (c’est-à-dire
qu’à la place des élections, on proposait la révolution sociale). La CNT et
la FAI, conscientes des répercussions et des conséquences de leurs positions,
proclamèrent à ce meeting que si la défaite de la gauche entraînait la
victoire de la droite, les anarchistes déclencheraient la révolution sociale.»
(Peirats, I,
73.)
Si l’on
compare cette position á celle adoptée par la CNT en 36, il n’est pas
douteux que la direction de la CNT, qui, aux élections de février tendait au
principe de l’abstention, agissait dans les coulisses, offrant aux politiciens
de gauche le vote potentiel représenté par la Confédération, en échange
peut-être de la libération des prisonniers politiques dans l’éventualité
d’une victoire du Front Populaire. Ce n’était pas en fait des spéculations
grossières. Il est certain que dans la CNT, il y eut toujours de fortes
personnalités qui, comme c’est toujours le cas pour ceux qui vont droit au
but, en sacrifiant les principes fondamentaux, déclarèrent être des hommes
pratiques, des réalistes du mouvement. Ils utilisèrent le vote potentiel de la
CNT comme arme de marchandage dans les discussions avec les politiciens (même
sans aucun mandat de l’organisation) et de même les milliers de prisonniers
politiques de la CNT comme argument pour justifier leur politique réformiste,
clairement contraire á la CNT, et pour obliger les membres à l’accepter
5.
On pourrait
dire peut-être que nous avons trop insisté sur l’attitude incertaine de la
direction de la CNT en février 36, étant donné le mépris général dont
avait été l’objet tous les gouvernements de la part du peuple espagnol qui,
toutefois, aurait approuvé la participation de la CNT aux élections si elle
avait eu pour résultat la libération des prisonniers politiques, sans considérer
qu’une telle action aurait compromis, dans tous les cas, les principes révolutionnaires
de la Confédération. Si le résultat avait pu être isolé de cette façon, le
facteur humain implicite pouvait vaincre facilement les objections de principe.
Mais ce n’était pas le cas. La tactique est comme le jeu d’échecs qui
implique que chaque coup soit étudié non seulement en fonction du résultat
immédiat mais dans toutes ses conséquences sur les différents coups suivants.
Au moment oú la direction de la CNT se préparait à abandonner le principe
pour la tactique (et comme nous le verrons, ce ne fut ni la première ni la
dernière fois qu’elle le fit), de nouveaux facteurs, autres que les premiers,
qui étaient de libérer les prisonniers politiques, auraient dû être considérés.
Par exemple,
assurant la victoire du Front Populaire par sa participation aux élections, la
CNT aurait dû prévoir que cette victoire permettrait aux préparatifs du
putsch militaire de se faire en secret. D’autre part, une victoire de la
Droite quasi certaine si la CNT se fût abstenue de voter, aurait signifié la
fin de la conspiration militaire et la venue au pouvoir d’un gouvernement réactionnaire
mais efficace, lequel, comme les précédents, n’aurait pas gardé le pouvoir
plus d’un an ou deux. Rien ne prouve qu’il n’y aurait pas eu quelque développement
significatif d’un mouvement fasciste en Espagne, calqué sur les régimes en
vigueur en Italie et en Allemagne. Les partis de droite étaient ce qu’ils
avaient toujours été.
La CNT donc,
en participant á la campagne du Front Populaire, aurait dû prévoir la conséquence
d’une révolte militaire (qui aurait résiste aux Généraux ?) et se poser
cette question fondamentale pour son existence comme organisation révolutionnaire:
la situation pourra-t-elle être transformée à l’avantage de la révolution
sociale? Pour la première question: il était clair qu’aucune résistance
effective ne pouvait venir du Gouvernement qui aurait préféré mourir plutôt
que d’armer le peuple espagnol. Donc, encore une fois, tous les sacrifices
auraient dû être faits par le peuple sans armes 6
et qui avait besoin de temps pour coordonner et réorganiser ses forces contre
un ennemi adroit, bien armé et financé, qui avait l’avantage de
l’initiative de l’attaque. Les travailleurs pouvaient-ils, dans de telles
conditions, triompher du coup d’État militaire? Échouer aurait entraîné de
vastes représailles et de nouveau les prisons se seraient remplies de
prisonniers politiques, en plus de la désagrégation interne dans les rangs révolutionnaires
qui aurait découlée de la répression.
Ce sont lá,
on le voit quelques considérations et conséquences dérivant de
l’acceptation, de la part d’un mouvement révolutionnaire, de tactiques
politiques en dépit de ses principes.
Les mois précédant
le soulèvement militaire furent caractérisés, comme nous l’avons déjà
observé, par une grande effervescence politique et par des provocations armées
de la droite. Si le récit de Peirats est exact, il semblerait que les
mouvements révolutionnaires n’aient adopte aucune mesure pour neutraliser les
préparatifs des militaires en vue du putsch, et même au Congrès National de
la CNT tenu à Saragosse en mai 1936, il semble qu’il n’y eut pas de
discussion sur ce sujet.
Ce Congrès
fut l’un des plus importants de l’histoire de la CNT, parce que tout le
mouvement y fut représenté (649 délégués y participèrent, représentant
982 syndicats de 550 595 membres). De plus, de très importantes questions y
furent discutées telles que les crises internes et les alliances révolutionnaires,
et l’activité révolutionnaire du mouvement pendant les révoltes de janvier
et de décembre 1933 et d’octobre 1934. En même temps, le Congres entreprit
la définition du concept du Communisme Libertaire par la Confédération, dans
son application post-révolutionnaire aux importants problemes de la vie de la
communauté, ainsi que l’étude de la position de l’organisation par rapport
au programme gouvernemental de Reforme Agraire.
La crise
interne fut rapidement resolue par la réintégration dans la CNT des soi-disant
scissionnistes (les Trentistes) et des 60 621 membres qu’ ils représentaient.
A propos de l’analyse critique des luttes passées dont la discussion fut déterminante pour tout changement dans l’activité et les aspirations immédiates et futures de l’organisation, Peirats ne fait que citer entièrement le discours prononcé par un des délégués, comme exemple du niveau élevé de la discussion. On serait tenté en effet, de rapporter de nombreux passages de cette contribution révolutionnaire et anarchiste, mais en le faisant, nous pourrions Conduire à une évaluation erronée de l’esprit général du Congrès 7.
Un des «résultats
les plus significatifs des discussions» fut, selon Peirats, la délibération
sur les Alliances révolutionnaires, qui est significative également, si on
l’observe à la lumiére des événements qui ont suivi. Cette délibération
déclare que:
«Durant la
dictature de Primo de Rivera, les tentatives de révoltes du peuple furent
innombrables, obligeant les hautes sphères politiques du pays à se préoccuper
de canaliser le sentiment révolutionnaire des travailleurs vers les voies réformistes
de la démocratie. Cela fut rendu possible par la participation des organismes
ouvriers ugétistes aux élections qui amenèrent le triomphe politique de la République.
«Avec la défaite
de la monarchie, l’UGT et le parti qui agit dans son orbite, sont devenus des
valets de la démocratie républicaine, et ont été en mesure de constater par
l’expérience directe, l’inutilité de la collaboration politique et
parlementaire. A cause de cette collaboration, le prolétariat en général
s’est senti divisé et a perdu une partie de la force révolutionnaire qui le
caractérisait en d’autres temps. L’épisode des Asturies a démontré que,
une fois que le prolétariat a retrouvé le sentiment de sa force révolutionnaire,
il est presque impossible de le soumettre.
«A la lumière
de la période révolutionnaire que l’Espagne a vécu et vit, ce Congrès
considère inévitable la nécessité d’unifier dans un sens révolutionnaire
les deux organisations CNT-UGT».
(Peirats, I, 120-121.)
Les
conditions de réalisation d’un tel pacte étaient, comme dans le cas de la
Conférence Régionale de Catalogne, si révolutionnaires qu’elles étaient
inacceptables pour les politiciens de l’UGT. C’est seulement en avril 1938,
dix-huit mois après l’insurrection militaire,
que l’accord fut fait entre les deux organisations révolutionnaires
des travailleurs
8. Mais alors
la révolution était écrasée et les travailleurs étaient engagés dans une
lutte militaire héroïque mais désespérée.
Le manque de
place nous empêche de faire des citations détaillées des affirmations de
principes et des objectifs du Congrès. Ce long document peut être décrit
comme un exposé non dogmatique des idées anarchistes dans lequel on note
l’effort pour incorporer les diverses nuances d’interprétation de la société
libertaire, du point de vue syndicaliste au point de vue anarcho-individualiste.
Dans le préambule, il est intéressant de noter que la CNT justifia la
discussion sur la société post-révolutionnaire parce qu’elle pensait que la
période, que l’Espagne traversait, pouvait facilement déboucher sur une
situation révolutionnaire du point de vue libertaire. Cette attitude rend
d’autant, plus étrange l’absence de toute discussion des problèmes que
l’organisation pouvait avoir à affronter
durant la période révolutionnaire. Ou plus exactement, quelle aurait été
l’attitude de l’organisation au lendemain de la défaite du putsch militaire
quand elle se trouverait soudain a la tête du mouvement révolutionnaire. Une
telle possibilité pouvait facilement être considérée en Catalogne sinon dans
les provinces soumises au Gouvernement central. Pour la masse peut-être, la
reponse était unique et simple: la révolution sociale. Mais à la lumière des
événements qui ont suivi, la question n’était pas simple pour la direction
de la CNT. Ces problèmes et ces doutes ne furent même pas abordés au Congrès
et, à cause de ce grave manque de prévisions, ou peut-être de démocratie révolutionnaire
dans l’organisation, les travailleurs révolutionnaires payèrent durement
dans les mois qui suivirent.
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